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Terra Bio : du local à l'international

Giovanni Pistola,responsable du conseil agronomique, contrôle la qualité des céréales.

Dans les Marches, au centre-est de l'Italie, la petite coopérative bio qui maîtrise toute la filière de A à Z, s'est faite sa place sur les marchés internationaux.

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Terra Bio est une petite coopérative des Marches, comme tant d'autres de la Péninsule italienne. A peine 90 associés coopérateurs, sur 30 000 ha, mais quelques marchés de niche à l'international, en Allemagne, en Suisse, en France, en Scandinavie, au Royaume-Uni. Spécialisée en bio depuis 1997, elle fournit intrants, assistance technique et collecte. « Dès le départ, les fondateurs ont souhaité que la coopérative opère en amont et en aval de la production agricole, afin de pouvoir garantir une totale traçabilité à ses clients », explique Giovanni Pistola, responsable du conseil agronomique. Pour s'assurer de la fidélité et de la durabilité de ses adhérents, le montant minimum de souscription a volontairement été fixé assez haut, à 6 000 €. « Il n'y a pas chez nous d'adhésion d'opportunité », précise le responsable.

Produireses propres semences

La coopérative va même jusqu'à produire 40 % des semences utilisées par ses agriculteurs, grâce à des contrats de production auprès de ses adhérents et de tiers. Ils fournissent ainsi deux des six variétés de blé dur, de l'épeautre, de la féverole, des lentilles, du lin, des pois protéagineux, du sarrasin, du tournesol et du trèfle. « Cette année, toutefois, il n'y a quasiment pas de semences de lentilles », constate avec regret Giovanni Pistola. Les semences produites sont ensuite cultivées par les associés coopérateurs en priorité pour les céréales certifiées Naturland Fair (Allemagne), NOP (Etats-Unis) et BioSuisse, dont le cahier des charges est plus strict que le réglement européen.

Terra Bio collecte plus de 100 000 q de céréales qu'elle vend, et dans une moindre mesure, 6 % des volumes sont transformés en pâtes de bléet d'épeautre, en graines, en céréales de petit-déjeuner et en légumes secs.

« En bouclant ainsi la filière, nous arrivons de mieux en mieux à valoriser les efforts de nos agriculteurs », estime-t-il. Ces produits finis sont commercialisés sous la marque propre Terra Bio, mais aussi parfois sous « Con Marche bio », une marque commune à cinq coopératives de la région des Marches, qui mutualisent ainsi leurs forces commerciales, sur les marchés publics par exemple.

Se garantir un transportet un stockage fiable

La diversité des productions, céréales, légumes secs et protéagineux, nécessite une grande capacité de stockage. Pour ce faire, la coopérative s'est équipée de quinze silos d'une capacité de stockage de 500 à 1 200 t, de quatorze petites cellules de 40 t et deux zones de stockage à plat à quelques kilomètres de l'usine. Pour ses agriculteurs les plus éloignés, elle loue des cellules, garanties bio, en attendant leurs livraisons au siège.

« Nous sommes très exigeants sur le protocole de transport pour garantir la non-contamination et la traçabilité auprès des organismes certificateurs », insiste Giovanni Pistola.

Terra Bio possède donc en propre quinze camions, mais surtout se réserve les services d'un transporteur quatre mois par an, lors des moissons. Les camions de ce dernier suivent un protocole de nettoyage et travaillent exclusivement en bio durant cette période. L'objectif est que les récoltes arrivent le plus tôt possible sur le site de production. « Nous craignons une détérioration chez les tiers (transporteur, stockeur) », avoue-t-il. Les associés coopérateurs assistent trois fois par an, à des réunions d'information où les contrats et les prix sont présentés. Le lin à huile est collecté à prix fixe (100 €/q), comme l'avoine, l'orge, les pois chiches, les lentilles, les graines de tournesol et l'épeautre. En revanche, le blé ne bénéficie que d'un prix minimum garanti de 33 €/q (avec un rendement moyen en blé dur de 30 q/ha et en blé tendre de 40-45 q), puis est indexé sur les cours de la Bourse de Bologne.

Des certificationsplus bio que bio

« Pour optimiser leurs assolements et pour élargir notre gamme, nous avons accompagné nos céréaliers dans des productions non traditionnelles : avoine blanc, lin, sarrasin, millet, chanvre, tournesol à décortiquer », explique l'agronome. « Pour valoriser l'assolement, mais aussi parce que le climat du sud de l'Italie ne se prête pas à n'importe quelle culture, pour se distinguer et aller chercher des marchés rémunérateurs,Terra Bio a choisi également les certifications Naturland, NOP et BioSuisse », confie FraukeWeissang, responsable commercial à l'export. Ces certifications ont un coût financier non négligeable et une lourdeur administrative, mais elles constituent la clé pour ouvrir les marchés à l'exportation et sont gage de sérieux. Grâce à cela, aujourd'hui, 30 % des matières premières collectées partent à l'export.

Nadia Savin

A l'usine de Schieti, les récoltes sont tracées avec rigueurdans le respect des différents labels bio.

Les associés coopérateurs, fondateursde Terra Bio, ont chacun investiau minimum 6 000 €.

Terra Bio commercialise les légumes secs et transforme en pâtes son blé dur.

N. SAVIN

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